BALI

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BALI

L’île de Bali (5 561 km2), rattachée dans les statistiques de la république d’Indonésie aux petites îles de la Sonde (Nusa Tenggara), est, cependant, une province (Propinsi) à part entière. Cela tient, non seulement à son importante population, 2 778 000 habitants en 1991 (soit la densité très élevée de 500 habitants au km2), mais aussi à l’originalité de cette population: les Balinais ont conservé leur langue mais surtout leur religion, un syncrétisme dont l’essentiel vient de l’hindouisme, qui se traduit par la multitude des temples collectifs et des autels familiaux et par la richesse d’un folklore renommé (danses): les Balinais sont en Indonésie les seuls «deutéro-Malais» (Malais ayant subi l’influence de l’Inde classique) qui ne soient pas musulmans.

La subak

Bali, île triangulaire dont le sommet est au sud et la base au nord, est presque entièrement volcanique, du volcanisme actuel de «l’arc interne». Les plus célèbres volcans, l’un et l’autre actifs, sont le Gunung Batur (1 717 m), au cœur d’une magnifique «caldeira» où il domine un beau lac, et le Gunung Agung, la plus haute (3 142 m) et la plus redoutable montagne de l’île: sa dernière éruption (févr.-mai 1963) couvrit de cendres la ville javanaise de Surabaja – qui, à 250 km, resta 24 heures dans l’obscurité – et détruisit sur place 56 000 hectares de terres cultivées (un sixième de la surface cultivée environ). Ces grands volcans, dans le nord de l’île, dominent brutalement une étroite plaine côtière sur la mer de Java; ils ont, au contraire, des pentes douces vers le sud, en grands versants qui se terminent sur la mer par de basses falaises noires (Tanah Lot); les versants aux sols rouges (sols ferrallitiques bien structurés) sont découpés par un éventail de rivières qui ont incisé des ravins profonds et étroits. La presqu’île de Nusa Dua, sommet méridional du triangle, est un karst de calcaires miocènes comme la petite île voisine, Nusa Pénida: les belles plages se trouvent donc au sud.

Bali est dissymétrique par son relief et, par conséquent, par son climat. Si toute l’île a un été (nov.-mai) humide à cause de la mousson du nord-ouest, par contre la plaine côtière septentrionale a un hiver très sec, tandis que le même hiver est relativement humide sur les grands versants qui regardent vers le sud: l’alizé austral, humidifié dans ses basses couches au-dessus de l’océan Indien, y déverse des pluies de mai à novembre non négligeables à Den Pasar (327 mm) et même assez importantes sur les flancs des volcans tandis qu’il redescend, desséchant, sur la plaine septentrionale; de là une différence très sensible dans le total des précipitations: 1 192 mm à Singaraja (au nord), 1 737 mm à Den Pasar. Les rivières, nées au flanc des appareils volcaniques, ont de l’eau en toute saison, d’autant que les andésites sont poreuses: ainsi les célèbres bains de Tampaksiring sont-ils dus à de grosses sources pérennes.

Dissymétrie aussi dans la mise en valeur agricole. La plaine septentrionale est trop sèche pour produire du riz et n’est guère irrigable: deux périmètres irrigués sont, toutefois, cultivés en riz, à Singaraja et Seririt; les cultures principales sont le maïs, le manioc, le soja. Les grands versants méridionaux portent, au contraire, de magnifiques rizières en gradins, soigneusement irriguées; toutefois, celles-ci ne couvrent pas les régions sommitales non irrigables qui sont cultivées en champs (tegalan ) limités par des banquettes plantées d’arbustes: ces champs portent du maïs ou de l’arachide (deux récoltes annuelles) ou encore des vergers. Seuls les versants irrigables (au-dessous de 1 000 m) portent donc des rizières: celles-ci, pour célèbres qu’elles soient, ne représentent qu’un cinquième environ de la surface de l’île, moins du tiers de la superficie cultivée et sont donc moins importantes que les cultures sèches de champs, de jardins (kebun ) et de plantations paysannes (notamment le cocotier et le giroflier en pleine expansion qui a remplacé, en grande partie, le caféier). Compte tenu de la pluviosité, l’irrigation n’était pas indispensable aux rizières: elle est, cependant, toujours de règle. Elle est pratiquée traditionnellement dans le cadre des subak . La subak désigne, à la fois, le périmètre irrigué à partir d’un barrage sur une rivière, et l’organisation paysanne qui gère ce périmètre. Chacune des rivières en éventail qui incisent les versants est barrée à plusieurs reprises: en amont de chaque barrage part un canal, lui-même donnant ensuite naissance à des artérioles, puis à des sous-artérioles et à de simples rigoles (pengalapan ) arrosant un tenah ou kesit . Le kesit est la plus petite unité de surface irriguée; dans une même subak, tous les kesit sont de même étendue, ce qui permet de mesurer la quantité d’eau fournie. Techniquement le réseau d’irrigation est remarquable, comprenant des canaux souterrains, des canaux en aqueduc franchissant les rivières, etc. L’organisation paysanne n’est pas moins remarquable; à la tête de la subak, le klian subak est appointé; il a des assistants et est exempté des corvées que doivent les autres membres de la subak (les corvées consistent, essentiellement, dans l’entretien du réseau d’irrigation). La subak exige aussi de ses membres des obligations religieuses d’entretien du temple et des chatu , autels installés auprès des ouvrages les plus importants. Tout cela est codifié (Awig-awig), des réunions périodiques sont organisées et des sanctions prévues. Un des traits les plus caractéristiques est l’obligation, pour les paysans, de faire, en même temps, les opérations culturales les plus importantes, le repiquage et la moisson, effectuées très souvent par des associations d’entraide (selisihan ). L’administration a regroupé les subak dans des périmètres plus grands, les sedahan , dirigés, eux, par des fonctionnaires.

L’irrigation permettait, traditionnellement, de faire deux récoltes de riz dans l’année, l’une de novembre à mai (saison des pluies), l’autre de mai à novembre (saison sèche). Depuis 1976, sous l’impulsion du gouvernement indonésien et avec l’introduction des «riz-miracles» à poussée rapide, la triple récolte s’est répandue: une récolte de novembre à mai, une de mai à fin août (riz hâtif), une d’août à novembre (riz hâtif); cela a entraîné une modification des calendriers dans toutes les subak, ce qui n’a pas été sans difficultés graves.

Le banjar

Le paysan membre d’une subak est, par ailleurs, membre d’un banjar , organisation villageoise totalement différente de la subak et également très forte; les paysans appartiennent donc à deux organisations distinctes, ce qui est exceptionnel dans le monde: habituellement l’irrigation est réglementée dans le cadre de la collectivité villageoise qui se trouve ainsi renforcée; à Bali il y a dissociation. Les villages (banjar) sont établis sur les interfluves et s’alignent donc du nord au sud; ils sont très fortement groupés; les hauts murs de briques ou de torchis qui enferment les maisons sont contigus, de sorte que chaque village a un réseau de rues; à l’intérieur des murs une cour, masquée à la vue par un «paravent» de briques ou de torchis, en arrière de la porte; dans la cour plusieurs bâtiments de brique, surélevés (et non sur pilotis), dont la demeure, le grenier et l’autel. Bien qu’abrité par des cocotiers, le banjar balinais est, peut-être, plus terne que le village javanais. Seule unité d’habitat, le banjar est aussi une cellule villageoise singulièrement forte, cependant que la commune officielle, le desa , est ici, contrairement au desa javanais, dépourvu de toute réalité.

Le banjar a plusieurs temples, une maison commune (balé banjar ) où se tient la réunion mensuelle des chefs de famille qui prennent à l’unanimité les décisions concernant l’ordre public, l’entretien des temples et de l’école, la garde de nuit, le service d’alarme en cas d’éruptions volcaniques. L’exécution des décisions est confiée aux cinq klian banjar élus pour cinq ans. Certains banjar ont une constitution écrite. Outre une entraide familiale codifiée (notamment lors des crémations), des services collectifs sont dus par les habitants et la citoyenneté dans le banjar exige un homme et une femme adultes (mari et épouse, fils et mère, frère et sœur) parce que les travaux collectifs exigés ne sont pas les mêmes pour l’homme et pour la femme.

Banjar et subak sont aussi des organisations religieuses, d’où le nombre des temples, des autels, symboles d’une religion foisonnante en divinités, l’hindouisme balinais ayant un aspect aimable et peu rigoureux (la hiérarchie des castes est très atténuée); d’où le nombre des fêtes et la richesse du folklore. Cette richesse est, avec la beauté des paysages, à l’origine d’une des grandes ressources de l’île, le tourisme international florissant au sud de Den Pasar, à Sanur, Jimbaran et surtout Nusa Dua, dans l’est de la presqu’île (au total, Bali compte 400 hôtels et 25 000 chambres et reçoit 735 000 touristes par an). Au tourisme s’ajoutent l’artisanat traditionnel, la confection de vêtements, les industries alimentaires (produits de la mer congelés à Negara et Benoa, usine de corned beef), l’activité de transport et de services. La proportion de la population employée dans l’agriculture était tombée à 66 p. 100 en 1980. Cette population agricole est, cependant, trop nombreuse: le surpeuplement entraîne le morcellement des parcelles, le déclin de l’élevage du bovin «Bali» (Bos Sundaiens ) pourtant renommé (beaucoup de rizières sont travaillées à la houe). De là l’importance de l’émigration, spontanée ou dans le cadre de l’officielle «Transmigration», notamment vers Sulawesi où les Balinais ont connu de belles réussites. Sous l’effet aussi d’une restriction des naissances, Bali a eu de 1981 à 1991 une des plus faibles progressions démographiques de toute l’Indonésie: 1,4 p. 100 par an.

Bali
île d'Indonésie, séparée de Java par le détroit de Bali; 5 561 km²; 2 649 000 hab.; cap. Denpasar. Rizières en terrasses. Tourisme.
Dès le VIIIe s., l'influence de l'Inde à Bali est notable. Au XVIe siècle, l'île devint le centre de la culture indo-javanaise dont témoignent, encore aujourd'hui, la musique, les danses et le théâtre de marionnettes.

⇒BALI, PALI, (PALI, PÂLI)subst. masc. et adj.
LING. Langue sacrée de l'Orient dans laquelle sont rédigés les livres de la religion bouddhiste.
Emploi adj. Relatif à cette langue, rédigé dans cette langue.
Rem. 1. Certains dict. comme l'Ac. 1835 le font inv., LITTRÉ se référant à Burnouf, célèbre traducteur, l'accorde. 2. Attesté dans Ac. 1798, Ac. 1835 (pâli), Ac. Compl. 1842 (pali), BESCH. 1845 (bâli ou pâli subst. masc. ou bâlie subst. fém.), Lar. 19e (s.v. bali qui renvoie à pâli), LITTRÉ (pâli), Ac. 1878 (pali), GUÉRIN 1892 (pâli). Lar. encyclop. définit ce mot comme une ,,langue négro-africaine du Cameroun central`` et renvoie à Soudanais.
Prononc. et Orth. Dernière transcr. dans DG : ba-li. Var. bali, bâli, pali, pâli, cf. rem. supra. Étymol. et Hist. Av. 1752 adj. ling. « nom de la langue sacrée de l'île de Ceylan » (Le Clerc dans Trév. 1752 : Il n'y a presque personne dans le royaume de Siam qui ne fasse sa priére tous les jours en langue Balie. C'est la langue de leur religion, comme la latine l'est de la religion Romaine); av. 1752 subst. masc. (Abbé de Choisy, ibid. : Le Bali est comme le latin parmi nous); renvoi à Pâli dep. Ac. 1835. Bali ou pâli, mot indien désignant la lang. sacrée appartenant au Prâkrit et dans laquelle sont rédigés les écrits bouddhistes (v. M.-A. PEI, F. GAYNOR, Dictionary of linguistics, London, 1958).

Encyclopédie Universelle. 2012.

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